На всякий случай я скопировал пассажи, где он говорит о переводчиках.
La connaissance des langues, c’est la connaissance des livres et c’est le rôle éminent que jouent les traducteurs et je ne peux ici parler devant vous sans leur rendre l’hommage que nous leur devons parce que traduire, c’est faire le premier geste d’abord de nos diplomates, c’est faire parfois d’ailleurs le cœur de ce qu’ils font, c’est lever les incompris ou les malentendus, c’est parfois d’ailleurs lever les petits malentendus, c’est passer. Sans traducteurs, le multilinguisme n’existe pas et donc nous devons beaucoup, nos deux pays, à celles et ceux qui traduisent, qui d’un texte à l’autre, ne font pas deux réalités qui s’ignorent mais deux textes qui vont ensuite se répondre dans leur part de semblable et leur irréductible part d’incompréhensibilité, d’intraduisible, comme diraient quelques-uns d’entre vous dans cette salle.
Mais malgré ces intraduisibles et parce qu’il y a ces intraduisibles qui sont nos sentiments, nos Histoires embarquées, le fait que nos mots sont le produit de nos Histoires, nous devons infiniment à nos traducteurs. Jamais le moindre logiciel ne pourra remplacer le talent de Peter HANDKE traduisant René CHAR ou de JACCOTTET traduisant HÖLDERLIN. Jamais parce que c’est dans les silences, c’est dans les mots qu’ils décident de ne pas traduire, c’est dans la respiration de la phrase qu’est la traduction. C’est dans le malentendu compris que le clin d’œil se trouve.
Tout cela, nous le devons à nos traducteurs et donc nos pays non seulement ont besoin des langues partagées, mais de la traduction par le livre et de la part d’intraduisible qui est en lui. C’est pourquoi je souhaite que nous puissions l’un et l’autre, pour ce qui concerne nos deux langues, continuer à encourager ce beau travail de la traduction et je souhaite, avec l’ensemble des éditeurs français, que nous puissions, au-delà du travail remarquable que vous conduisez d’ores et déjà aujourd’hui, redonner plus de noblesse encore à celles et ceux qui traduisent et, avec Madame la Ministre de la Culture, nous allons recréer un vrai prix de la traduction en langue française et vous accompagner, vous, éditeurs, vous, auteurs, vous, traducteurs, dans ce beau travail pour le mettre plus encore en valeur.
Cette Europe des traducteurs, des passeurs, des langues multiples, des livres, cette Europe des cafés dont parle ce puits de sciences connaissant toutes nos langues qu’est George STEINER, cette Europe-là, c’est celle de l’intelligence et de la culture qui a vaincu les guerres.
Nous nous trompons si nous pensons que la technologie est ce qui doit régner sur l'imaginaire. Nous nous trompons si nous pensons que nous devrions nous défendre de manière presque recroquevillée sur nous, pour protéger telle ou telle exception, comme le fruit d'un passé lointain. Vous êtes là ! Vous avez une parole à porter ! Elle et vibrante, elle est dure. Vous avez chacune et chacun vos univers, mais c'est cela qui a une valeur ! C'est cela ce qu’un jeune Allemand ou une jeune Française vient chercher ! Et donc nous protégerons, dans les débats européens d'aujourd'hui et de demain, la part qui est due aux auteurs, les droits des auteurs, des traducteurs, des journalistes, de celles et ceux qui expriment une conscience, portent une création ! Mais non pas comme s'il s'agissait de défendre une exception, parce que c'est ce qui nous tient ! Parce que c’est ce qui a construit notre propre conscience politique, ses controverses, sa critique et ce dont nous avons besoin. Et nous nous battrons même contre des exceptions qu'on veut parfois nous opposer pour réduire ces droits ! Parce qu'ils doivent être pleins et entiers.